Freelance & Salarié : Y a-t-il vraiment une différence entre ces deux statuts ?

Deux modèles opposés ?

On nous oppose souvent le modèle salarié et freelance, les avantages de l’un et de l’autre, deux modèles de vie différents. Évidemment, les contextes sont différents selon notre travail, et en tant que designer, je vous partage mon expérience de ces dernières années.

Au début de ma carrière, j’ai classiquement commencé en CDI, mais j’ai rapidement mixé avec un statut de freelance et, au bout de 8 mois, j’ai sauté le pas d’être freelance à plein temps. Cela a duré un peu plus de 7 ans, déjà et peu à la fois. À date, cela va faire 11 mois que j’ai changé de mode de fonctionnement, et, comme une rétrospection, je vais essayer de retranscrire mon expérience et de vous donner un comparatif freelance versus salarié.

Dans cet article, je vous présenterai les avantages et les inconvénients de ces deux statuts que j’ai identifiés lors de mes expériences. Explorons le sujet ensemble.

Ma Timeline, mon XP

• Début de carrière classique en CDI suite à l’alternance
• CDI + freelance avec l’accord de ma Head of Design de l’époque
• Les horaires devenaient impossibles → Faire un choix → Go Freelance Full !
• Des projets, des rencontres, de l’entrepreneuriat (qui est différent d’être freelance !)
• Retour dans un cercle assez vicieux, l’argent appelle l’argent, le temps est précieux
• Entre-temps, j’échange sur des opportunités en CDI, différents projets très ambitieux, mais rien qui matche vraiment avec mon envie/contexte : le type de projet, l’organisation, la maturité sur le travail à distance ou la liberté laissée aux salariés
• Le besoin de changer de rythme, de cadre, d’interaction
• 8 ans après, l’alignement des planètes, le projet qui matche avec l’envie et l’ambition, le cadre souhaité, la possibilité d’explorer et de “performer” (sans oublier le fait que les copains disaient au bout de 4 mois, tu vas craquer, tu vas arrêter)
• Me voici à écrire ces quelques lignes

Et pour avoir l’ensemble du contexte, je venais d’une reconversion, il me fallait être “efficace”. L’alternance fut une très bonne opportunité, la sécurité de l’école et la mise en pratique rapide dans une entreprise et, surtout, la première constitution de mon réseau. J’ai eu le déclic pour mon métier grâce à Nicolas Catherin, UX Senior, pendant mon alternance. Il a su raccrocher les wagons entre mes précédentes études, mon cursus dans le web et le design. C’était limpide et évident, l’expérience était un terrain de jeu dans lequel j’allais m’épanouir !

Rapidement ce métier, avec sont rythme et son effervescence, me plaît, j’ai la possibilité de créer, de tester différents modèles et façons de faire. J’apprends énormément, je rencontre des designers talentueux qui partagent et me font level up vitesse grand V ! Me voilà embarqué dans le freelance à faire mes premiers projets.

Les idées que j’entends le plus souvent et souvent wtf sur le freelance et le salariat

Freelance, c’est la liberté, tu choisis totalement tes horaires

• Non, tu as des clients, des deadlines. Bien évidemment, tu travailles comme tu veux si tu es seul, mais ce n’est pas du tout le cas quand tu bosses en équipe, sauf peut-être sur des fuseaux horaires différents.
• Oui, tu choisis ta charge de travail et comment tu te répartis ton travail.

En freelance, tu pars en vacances quand tu veux

• Oui, mais les vacances, c’est purement à ton compte, pas de congés payés !
• Pour pouvoir prendre des vacances en tant que freelance, il faut savoir ne pas travailler, sinon on ne déconnecte pas.

En freelance, tu gagnes tellement mieux ta vie

• Oui et non, ton temps passé, tu le factures et tu peux cumuler les missions, et donc le temps aussi. Par contre, bonjour les démarches administratives.

En freelance, t’es souvent seul

• Oui et non, dans nos métiers de designers, c’est souvent rare quand même. Et j’ai toujours travaillé en équipe, rarement seul, ou du moins sur des scopes très recentrés.

En CDI, tu as la sécurité de l’emploi

• Oui et non, on le voit en ce moment avec Twitter ;) Disons qu’il est plus difficile de perdre son job du jour au lendemain.

En CDI, tu fais moins d’exploration

• C’est l’impression que j’ai eu en travaillant avec des équipes qui étaient en CDI. Tu es tellement focus sur ton sujet au quotidien que je pense que tu perds un peu ce temps d’exploration pour d’autres sujets.

Rapide Résumé des avantages et des inconvénients sur les deux statuts

Il y a des avantages et des inconvénients aux deux statuts, qui sont importants à prendre en compte en fonction de sa situation personnelle, mais un statut n’est pas mieux que l’autre, quoi qu’en disent certains. Il faut tester les différentes situations et voir ce qui peut nous convenir. L’expérience des uns et des autres ne vaut pas grand-chose, car votre contexte sera différent.

Avis Perso

Après ces quelques années où j’étais purement en freelance, se sont posées les questions :

• Quel est l’équilibre de vie que je souhaite ? Clairement, j’étais plus sur un 80 % Pro et 20 % perso. J’ai eu la “fameuse liberté” de freelance, mais rapidement, j’ai été absorbé par la course au projet, le fait de “ne pas louper ce projet hyper — trop — cool” et j’ai fini par cumuler les sujets, avec pas mal d’interlocuteurs, sur plusieurs fuseaux horaires. Ce n’est pas un secret, les calculs n’étaient pas bon Kevin. Il fallait que je repasse au moins sur du 50/50, car après avoir expérimenté ce rythme intense, je voulais prendre le temps, être encore plus qualitatif. Spoiler alert : j’écrirais sur le rythme 70 %-30 % un jour !
• On me parle des choix d’adultes, vous connaissez ? Être propriétaire, avoir des enfants, etc. Impossible d’envisager ces questions. Le statut freelance, même avec 3 bilans de boîtes étaient incompréhensibles pour les banques et vu le rythme que j’avais, fonder une famille me paraissait impossible. Certains sujets devenaient tabous et je les éloignais de ma pensée.
• Les démarches administratives, un véritable poids ? Oui et le fait que je ne me suis jamais intéressé à l’administratif n’a pas vraiment aidé. On se retrouve avec une administration qui ne comprend pas notre statut et qui nous présente un service vieillissant et lent en France.
  👎 Un prêt Immobilier, un achat de sa résidence principale ? Aïe.
  👎 Une location ? Aïe. Merci la Garantie des Loyers Impayés.
  👎 Le service des impôts sur un changement de statut (Auto entrepreneur vs SASU) ? Aïe.
  👎 Gestion de la trésorerie, des bilans de boites, des frais engagés…
• Un nombre conséquent de projets ? À qui la faute ? Moi. Mais j’ai du mal à refuser quand je vois un projet cool, et j’ai eu la chance de bosser sur des sujets de niche, ou novateur en termes de technos. Mais rapidement, je me suis aperçu de mon manque de concentration, d’aborder des sujets trop en surface. J’avais besoin de trouver le projet ou la structure dans lesquels j’allais m’investir pleinement, le besoin d’intégrer une équipe sur le long terme.
• Court terme vs long terme ? Dans la même continuité, aborder un sujet dans sa globalité et en profondeur sur des questions de stratégie, d’expérience avec une approche data, de branding et de recherche utilisateur. Et pas seulement sur un scope restreint ou pour un temps court.
• Designer freelance ou Personne à tout faire ? Tu es à la fois l’expert de ce que tu délivres, le commercial, le service après-vente, etc. Freelance a été plus que formateur dans mon cas et m’a permis d’acquérir une base solide. Les rencontres, les projets, les opportunités, les moments de stress et de réussites m’ont permis d’avoir un rythme différent et de pouvoir progresser plus vite.

Toutes ces questions (et leurs réponses) m’ont menées à faire le choix du salariat en 2021, et j’y suis encore aujourd’hui. Comme quoi, on peut passer d’un statut à l’autre. Car rien n’est définitif dans la vie, on peut avoir une période freelance et avoir une période salariée, je pense que c’est surtout le projet qui drive au final. Avec le marché actuel (je touche du bois), je pense qu’en tant que designers, nous avons le luxe de pouvoir choisir nos projets. Les personnes avec qui on souhaite travailler, et le cadre aussi, quel est le degré de liberté qu’on souhaite avoir.

J’enfonce une porte ouverte, mais je pense vraiment qu’un employé heureux donnera beaucoup plus qu’un employé contraint et il faut trouver cet équilibre entre les contraintes de chacun, le client/l’employeur et vous. Trouver un terrain d’entente.

Un modèle Hybride

Pour conclure

Pour conclure, je dirais qu’être freelance ou salarié, tout dépend de la façon dont vous abordez votre travail et des différentes possibilités d’organisation. La vraie question serait de se demander comment peut-on être épanoui à son travail, quels sont les horaires qui nous correspondent, comment repérer les temps de travail seul vs à plusieurs, comment je peux donner de la visibilité sur mon travail et communiquer efficacement.

Quel que soit le cadre juridique, salarié ou freelance, avec les différentes contraintes, il faut trouver sa manière de fonctionner au quotidien et modeler le plus possible son cadre. Bien évidemment, en CDI, on a une organisation déjà en place, mais avec de l’assouplissement, de la communication et de la synchro on peut trouver un bon équilibre.

Personnellement, “freelance” est, pour moi, synonyme de liberté, choisir ses horaires, ses clients, être peut être plus proactif que si l’on était en CDI, mais au final ~ les deux statuts ne sont pas si différents. Avec de l’organisation et de la synchro, on peut choisir ses plages horaires de taff, s’organiser pour avoir du temps commun. La culture de l’écrit, de l’asynchrone permet de donner de la visibilité, sans pour autant être obligé de faire une réunion. Un modèle hybride est pour moi une bonne solution !

💡 Ex : je préfère travailler tôt par rapport à mes collègues. Je me réserve toujours des créneaux sur des heures communes pour avoir le temps de faire des ateliers ou des moments de synchro. Ensuite, je termine plus tôt pour pouvoir faire du sport et sortir m’aérer 😇

Quelques tips pour salariés et freelances :

• Trop de réunions ? Utiliser les outils, l’écrit et le documentez vos chantiers.
• Des horaires trop contraignants ? Apparemment, on est vraiment efficace au boulot 3h/4h, on peut trouver des plages de boulot communes pour ces heures-là, le reste dépend de votre organisation et de vos objectifs.
• Envie de bouger ? Je parle bien sûr de nos métiers du numérique. On a encore la chance de pouvoir travailler à distance, pas besoin d’être tout le temps ensemble. Pour moi, le meilleur équilibre est de pouvoir bosser d’où vous le souhaitez, tout en ayant des rendez-vous communs ou on peut se retrouver et partager des moments (joyeux et focus taff ;) )

💙 Soyez franc sur ce que vous souhaitez et ouvrez la discussion sur vos attentes. Plus vous le communiquez, plus vous allez attirer ce que vous aspirez, quel que soit le statut juridique associé finalement.